“Se remettre en cause pour relancer son fleurissement”
La ville de Châlons-en-Champagne (51) a rebondi après avoir reçu, en 2010, un avertissement du Conseil national des villes et villages fleuris (CNVVF), qui remettait en cause la quatrième fleur de la préfecture de la Marne, par ailleurs labellisée Ville d'art et d'histoire.
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La politique du CNVVF, qui consiste à ne jamais supprimer une fleur à une collectivité sans lui avoir auparavant délivré un avertissement est parfois critiquée. Il est vrai qu'elle retarde la rétrogradation de villages ou de villes qui ne sont plus au niveau et qui nuisent à l'image du label. Mais elle permet de recréer une dynamique dans certaines collectivités qui n'ont parfois, au final, guère connu qu'un passage à vide. Ainsi, en 2010, une dizaine de cartons ont été distribués. Les villes « averties » ont été, comme le veut le règlement, revues l'année suivante. Et là, bonne surprise, toutes ont été confirmées à « 4 fleurs », avec même un coup de coeur du jury pour l'un des villages concernés. Nous avons décidé de rendre visite à l'une de ces collectivités pour voir comment la réaction s'est organisée après la mauvaise nouvelle...
Châlons-en-Champagne (51) est une ville « 4 fleurs » relativement récente. Elle a obtenu le label en 2005 après un passage de jury infructueux l'année précédente. Elle fait partie des nombreuses collectivités de Champagne-Ardenne à avoir saisi au bond la dynamique créée par la région en faveur du développement d'un tourisme vert lié au paysage. Et elle tient à cette distinction. Nadine Cuif, adjointe au député-maire de la ville, Bruno Bourg-Broc, précise qu'elle « vient en complément du label Ville d'art et d'histoire dont peut aussi s'enorgueillir la préfecture de la Marne. Pas question donc, lorsque la lettre d'avertissement est arrivée en mairie fin 2010, d'abandonner l'idée de conserver la distinction.
Une analyse immédiate est effectuée. Les raisons invoquées par le jury sont « un manque de cohérence du fleurissement et une hétérogénéité de sa qualité selon les sites en raison d'un manque d'entretien ». Directeur du service des espaces verts de la Ville depuis novembre 2010, Sébastien Renaud-Goud plaide en partie coupable : « Certaines plantes n'étaient en effet pas assez entretenues, et nous avons eu, cette année-là, de gros problèmes sanitaires sur les impatiences. » Mais le responsable technique a bien remarqué que les pelouses menées en fauchage tardif, par exemple, n'avaient pas été bien accueillies par tous les membres du jury : « D'un jury à l'autre, la perception n'est pas toujours la même. » « La ville a dû se remettre en cause pour relancer son fleurissement », souligne Nadine Cuif, mais pas question de modifier totalement le fonctionnement en place. Le fleurissement au sens propre n'est pas augmenté (70 000 annuelles sont utilisées chaque année contre 200 000 il n'y a pas encore si longtemps pour réaliser 4 900 m² de massifs). Le budget de fonctionnement est resté stable : « Nous avons souhaité poursuivre notre politique pérenne basée sur des vivaces, des arbustes et des arbres », précise l'adjointe au maire. « Les aménagements de ce type que nous réalisons dans les quartiers, par exemple dans le cadre de l'Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru), sont très bien perçus par les habitants. » Le fleurissement de printemps, qui occupe une place de choix dans cette ville aux hivers froids, a été conservé. « Les premières fleurs sont autant de symboles que les habitants aiment voir arriver. Du coup, nous plantons 15 000 à 20 000 bulbes par an et les suspensions que nous utilisons en coeur de ville sont garnies de giroflées et de pavots au printemps, puis de plantes estivales à partir de mai-juin », complète Sébastien Renaud-Goud.
Pour autant, Châlons-en-Champagne n'est pas restée sans rien faire. Des changements ont été opérés, comme le remplacement de ce calendrier un peu désuet au pied de la porte Sainte-Croix, indiquant la date du jour, composée avec des plantes de mosaïculture. Il a laissé place à des « bulles » de métal, référence au roi de la région, le champagne, à des plessages de saule (un savoir-faire local en Haute-Marne) et à d'autres matériaux. La ville n'est pas située dans le vignoble, comme ses voisines plus célèbres, Épernay ou Reims, mais n'en compte pas moins des sièges sociaux de maisons réputées et défend actuellement un dossier pour pouvoir replanter un peu de vignoble en appellation sur son territoire. « La propreté était là, mais nous avons fait des efforts en proposant un nouveau fleurissement », précise Nadine Cuif. En périphérie, le nouveau parc Bellevue a vu le jour dans le quartier de la Bidée. Comme son nom l'indique, ce jardin permet de découvrir l'ensemble de la ville. Élus et employés des services techniques se sont surtout attachés à mieux valoriser les atouts de la cité, ses arbres centenaires, son architecture intéressante, ses jardins de centre-ville, les « jards » (voir encadré), entièrement refaits il y a quelques années. Ce travail s'est inscrit dans une démarche de développement durable et de valorisation touristique volontariste, comme en témoignent ces promenades organisées l'été sur les deux cours d'eau du centre-ville, le Mau et le Nau.
« Nous avons également offert une meilleure présentation de la ville au jury en 2011, témoigne Sébastien Renaud-Goud. Nous avons établi des priorités, montré un nouvel aménagement, mis en avant notre savoir-faire en termes de pilotage de l'irrigation par sonde, changé nos habitudes et nos façons de faire. » Le document remis au jury a aussi été retravaillé de manière à cadrer avec la nouvelle politique. Reste aujourd'hui à poursuivre la démarche : « Nous devons continuer à étendre le fleurissement vers les quartiers périphériques avec peu d'événementiel mais une autre gamme plus naturelle », conclut Nadine Cuif. « Il faut aussi revoir les petits sites en coeur de quartier et retravailler certains jeux pour enfants. Nous avons par ailleurs engagé une démarche pour redynamiser le concours des maisons fleuries en modifiant les récompenses avec notamment un voyage pour découvrir le département de la Marne... »
La volonté des élus et des techniciens reste intacte, en attendant la prochaine visite d'un jury de fleurissement en 2014, mais surtout en attendant la visite des touristes. Ces derniers viennent nombreux dans la région pour découvrir le vignoble ou y font une halte avant de rejoindre le sud de la France...
Pascal Fayolle
La ville dispose d'atouts paysagers remarquables avec, en plein centre-ville, des parcs historiques, les « jards », et une base nautique sur la Marne.
Le fleurissement de printemps occupe une place de choix : ici, les hivers sont longs et les premières fleurs sont attendues avec impatience.
Deux rivières, le Mau et le Nau, traversent la ville. En été, des balades en barque sont proposées pour découvrir sous un autre angle les monuments historiques de la cité.
De nombreuses zones péri-urbaines comptent des prairies menées en fauche tardive, une méthode diversement appréciée par les jurys.
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